Mars 2012 – « The Artist » nous rend tous fous de claquettes

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Ça ne manquait jamais. A chaque passage sur les chaînes américaines, JeanDujardin était bon pour quelques blagues, une imitation de De Niro et… une démonstration de danse. Une émission télé diffuse un extrait de « The Artist »? Une fois sur deux, on avait droit au final, tout en claquettes, du film. Sans oublier les centaines de milliers de spectateurs qui ont vu au cinéma le long-métrage aux cinq Oscars.

Avec tout ce tapage, les claquettes de Dujardin ont fini par réveiller les Fred Astaire qui sommeillaient en nous, et les cours affichent complets.

« Je reçois des mails de toute la France. Tous mes amis professeurs me racontent que l’affluence a plus que doublé lors de leurs cours », s’étonne Fabien Ruiz, le chorégraphe de « The Artist », aujourd’hui à Ris-Orangis (Essonne) pour une master class. « Ça téléphone beaucoup dans les écoles, confirme Dominique Bengasini, patron d’une école à Lyon et de la Fédération française de danse (FFDJ-IDO) qui représente les professionnels des claquettes. Cela attire les nostalgiques, pas forcément âgés d’ailleurs, de l’époque Fred Astaire et Gene Kelly. »

Un patron d’une école de danse : «C’est de la musique avec les pieds»

Une piano blanc accueille les visiteurs chez Swingtap, une école installée dans le XIe à Paris. Au fond du local, d’innombrables boîtes à chaussures — toutes à bouts ferrés bien sûr — montent le long des murs, entourant l’étroite piste de danse. Ici comme ailleurs, les élèves affluent depuis « The Artist ». « Le film Chicago montrait des claquettes mais c’était une seconde par-ci, par-là, décrypte Victor Cuno, qui règne sur Swingtap. Dans « The Artist », c’est filmé à l’ancienne. On voit le duo évoluer ensemble sur une scène lors d’un long plan-séquence. » Sarah, 27 ans, fait partie des nouveaux convertis. « The Artist m’a donné le déclic. J’ai tout de suite cherché une école », avoue la jeune femme, qui participait hier à son deuxième cours. Et ce n’est pas évident. « Il faut réussir à être aussi à l’aise avec les deux pieds », souffle Sarah, qui compte pourtant dix ans de danse classique. Alors, facile ou pas de tourniller comme Jean Dujardin et sa partenaire Bérénice Bejo? « Ce qu’ils font est sympa et donne envie, mais c’est un numéro accessible qui peut se faire en fin de première année, milieu de deuxième, promet Alain, qui enseigne les claquettes pour l’association Tap Time, à Paris. C’est accessible même si cela en met plein la vue. » « Ça n’a rien d’original, s’étonne un autre professeur. C’est ce qu’il y a de plus vieux dans les claquettes. »

« The Artist », film muet en noir et blanc sur fond de jazz, rend hommage aux claquettes comme les montrait le cinéma américain des années 1920. Mais la discipline, née à New York au XIXe, a continué à évoluer depuis Fred Astaire. A l’image des Tap Dogs, où les danseurs habillés en ouvriers tapent des pieds sur des barres de métal, des grillages ou des flaques d’eau.

Aujourd’hui, les claquettes s’acoquinent avec la salsa et même le hip-hop. « Les claquettes, c’est de la musique avec les pieds, rappelle Dominique Bengasini, de la Fédération de danse. Après, on peut faire ce qu’on veut de cet instrument. » Jérémie Champagne en donne l’exemple dans l’émission « You can dance », sur NT1, une sorte de concours de danse. Le Parisien de 28 ans dont vingt et un de claquettes, a fait son dernier solo sur un morceau piano-voix d’Adele. « On se bat pour changer l’image rétro des claquettes, rappelle ce danseur. The Artist n’aide pas vraiment, mais c’est tout de même chouette de montrer ainsi des claquettes. »

Source : Le Parisien